Plus que tout autre enfant à haut potentiel, cet enfant, cet ado est un albatros.
Perdu dans ses pensées, il est roi dans l’espace.
Maitre de ses passions, il s’enflamme, il existe, il est.
Et puis, le sol approche… il doit se poser et ses grandes ailes s’emmêlent dans ses pieds…
Haut potentiel, généralement antonyme de modération
L’enfant et l’ado à haut potentiel sont souvent hyper-émotifs, hyper-sensibles, hyper-réactifs à l’injustice (surtout celle dont ils se sentent victimes).
Ils sont généralement avides de découvertes en lien avec leurs passions.
Souvent, plus ils grandissent, plus ils s’interrogent sur le sens de ce qui les entoure, le sens de la vie, le sens de leur vie.
Sur Tout pour apprendre, retrouvez ici notre série de billets sur le Haut potentiel.
Etre dys, synonyme de s’adapter, compenser
L’enfant et l’ado dys rencontrent des difficultés variées liées au(x) trouble(s) dys dont ils souffrent.
Comme les autres dys, les automatismes se créent peu et difficilement. Ils doivent apprendre à s’adapter, compenser jour après jour.
Pour en savoir plus sur les principales dys, cliquez sur les 4 intitulés suivants : Dyscalculie, Dyslexie, Dysphasie et Dyspraxie.
Etre dys et à haut potentiel, c’est plus facile, non ?
C’est une remarque que l’on entend régulièrement.
Outre le fait qu’il est très difficile de comparer deux dys tant elles peuvent être différentes : différentes en raison du degré d’atteinte, du caractère de l’enfant et de son vécu, du soutien qu’il a pu trouver, des adaptations qu’il a réussies à mettre en place, la réalité est bien plus complexe.
Tout d’abord l’enfant ou l’ado peut avoir une dys plus prononcée qu’un autre dys non zébré (pas à haut potentiel).
De plus, comme évoqué dans la première partie de ce billet, le zèbre est rarement modéré, son cerveau peine à connaître le bouton « stop ». Or, un zèbre en difficulté ne comprend pas, il pense souvent être un imposteur : si son cerveau est tellement rapide, pourquoi est-il en difficulté, pourquoi se sent-il si incompétent, stupide ? Il s’affole.
Le syndrome de l’imposteur
Face à ce sentiment d’imposture, deux réactions s’offrent alors à lui :
- Décrocher et/ou jouer les perturbateurs parce que la vérité est insupportable, parce qu’il perd pied ou parce qu’il ne peut accepter les efforts démesurés qui devraient être les siens pour compenser.
Dans cette situation, il rencontre régulièrement l’incompréhension et connait fréquemment l’échec scolaire et la perte de confiance en lui, sauf s’il parvient à découvrir une passion valorisante en dehors du système scolaire.
- Redoubler d’efforts, de travail, de compensation.
Fréquemment ses difficultés sont minimisées, il entend qu’il n’est pas « si dys » ou bien que le « haut potentiel lui permet de compenser ». Oui, cet enfant, cet ado là comprend rapidement. Mais non, il n’a pas toujours une bonne mémoire, il peut même voir s’ajouter d’autres difficultés comme un trouble du déficit de l’attention. S’il parvient à obtenir de bons résultats, on en déduira que « c’est normal, il est à haut potentiel », ne s’apercevant pas de la somme d’efforts et de travail qui ont été nécessaires.
En plus du syndrome d’imposture, il devra prouver sa réalité à ceux qui la minimisent et dont il dépend (responsables des aménagements en particulier), il s’épuisera plus encore…
Ici j’évoquais l’épuisement de l’ado dyspraxique, l’ado multi-dyspraxique et zébré aux pensées envahissantes sera épuisé…
Ne doutez pas de ses difficultés. Oui, son haut potentiel l’aide dans certaines circonstances (possible capacité à rebondir, compréhension plus rapide), mais celui-ci le dessert également (besoin du mot juste, besoin de justice, besoin de comprendre, sentiment d’imposture tant le grand écart peut être grand entre son « potentiel » et ses difficultés). Si on minimise ou -pire- nie sa dys pourtant avérée, le syndrome d’imposture grandit. Son cerveau s’emballe, il ne comprend pas pourquoi il doit déployer tant d’efforts, il perd confiance, il perd pied.
A ces enfants là, on proposera rarement un saut de classe ou mieux des enrichissements. Pire, parfois, on leur imposera un redoublement, accentuant alors le syndrome de l’imposteur. L’enfant ou ado ne sait plus qui il est. Les rouages de son cerveau s’accélèrent : faute d’avoir de la matière pour réfléchir, il cogite, il s’inquiète, il se demande s’il aura une place en ce monde, la déprime approche… La dépression parfois…
Ne choisissons pas pour eux, gardons-leur notre confiance.
Ne minimisons pas leurs difficultés, mais ne les stigmatisons pas non plus. Ils sont zèbres ET dys ou dys ET zèbres, ils ont donc besoin des adaptations des uns ET des autres.
Ils ont besoin de pouvoir occuper leur cerveau. Pour eux, les redoublements bien sûr, mais aussi les textes au vocabulaire simplifié, les apprentissages tronqués sont difficiles à vivre. Le système scolaire ne dure qu’un temps. Encouragée, leur capacité à penser autrement sera un atout.
Ils ne sont pas des imposteurs, ils sont de magnifiques albatros !
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